Friday, April 22, 2011

Préambule au Myanmar: the money situation.

Lê-Anh et moi, on abordait notre arrivée au Myanmar avec la même
philosophie de voyage à laquelle on s'est habituées après plus de deux
mois en Inde : c'est-à-dire, ben relax, sans avoir trop lu à l'avance,
sans savoir d'itinéraire précis. On s'était informées de la situation
politique, bien sûr… et ça c'était l'important, mais à part de ça, on
savait qu'on avait notre vol, et comme on avait fait en Inde depuis le
début, on allait décider le reste à mesure. Mais disons que pour le
Myanmar… il y a des choses NÉCESSAIRES à savoir à l'avance.

UNE CHANCE qu'on a rencontré Alex, l'ami de Val Laforge, au mariage
indien. Parce que ce qu'on ne savait pas, c'est qu'il n'y a pas de
guichet automatique au Myanmar. Oui oui, vous avez bien lu : pas de
guichet automatique. Non seulement ça, mais ils n'acceptent les cartes
de crédit nulle part. Il faut donc arriver avec TOUT l'argent cash en
main pour la totalité de notre séjour, dès le début – mais la joke,
c'est qu'ils n'acceptent que de PARFAITS dollars américains, nouveaux,
propres et sans plis. Oui oui.

À mesure qu'Alex nous racontait ça, 5 jours avant notre départ, on
commençait à réaliser tout ce que ça impliquait : non seulement
fallait-il prévoir combien on voulait dépenser dans nos quatre
semaines au Myanmar, mais ça voulait aussi dire qu'on trimballerait
sur nous tout cet argent pour notre voyage en entier, en devant y
faire attention comme à la prunelle de nos yeux, puisqu'il n'existe
pas de plan B si jamais on le perd... Plus, étant en Inde et seulement
quelques jours avant de partir, ce n'était pas la chose la plus facile
d'obtenir autant d'argent américain rapidement : on ne pouvait retirer
que 10 000 Rs du guichet par jour (environ 200$ - et déjà ça nous
coûte 5$ à chaque fois), il fallait donc se mettre au travail
maintenant, et il fallait aussi trouver un endroit qui nous change ça
en billet américains parfaits. On savait que l'aéroport de Delhi avait
des bureaux de change, et comme ils semblaient plus professionnels que
les petits comptoirs « Money changer » près de notre hôtel, ça
semblait la meilleure option.

Mais arrivées au bureau de change de l'aéroport, ils nous annoncent
que le maximum qu'on peut échanger à la fois est de 10 000 Rs. Quoi!!!
On était tellement mal prises! Au moins, on pouvait aller à un autre
comptoir de bureau de change de l'aéroport, et échanger encore 10 000
Rs… Mais comme on était un peu dernière minute pour notre vol, on a eu
le temps d'en faire que deux. Et de toute façon, on n'avait même pas
eu le temps de retirer assez d'argent à Delhi pour tout notre séjour
au Myanmar – il fallait donc compter sur notre escale à Kuala Lumpur
pour tout faire ça : retirer, changer nos dollars malaysiens en
dollars américains, puis changer nos rupees restants en dollars
malaysiens puis en dollars américains… et évidemment perdre au change
en faisant ça.

Mission accomplie : on a réussi à retirer assez pour notre budget d'un
mois et à changer tout ça en dollars américains avant d'arriver un
Myanmar, on se croyait en business. MAIS : Lorsque j'avais changé mes
dollars américains, je m'en étais fait donner quelques-uns qui, malgré
leur texture et apparence bien fraîche, avaient quelques petits plis…
Me souvenant de ce qu'Alex nous avait dit, je voulus les refuser et
les échanger contre des billets plus parfaits – mais Lê-Anh me reprit,
disant qu'ils ne pouvaient pas être si sévères que ça… Et c'est vrai,
tout de même : ça serait complètement débile d'exiger QUE des billets
absolument PARFAITS de tout le monde qui voyage au Myanmar, ça serait
impossible de toute façon… C'est sûrement juste qu'ils ne veulent pas
de vieux billets fripés ou déchirés, nous disions-nous. HA! Erreur.

Jour 1, arrivées à l'hôtel, la fille au comptoir nous demande de payer
pour le premier soir. Nous lui tendons un billet de 20$... Non, elle
ne peut l'accepter, il est plié. Un autre… non, celui-ci a une petite
tache noire sur le coin. Un autre… non, il est trop vieux.

Peu à peu, on commence à réaliser que tous nos billets de 20$ sont
comme ça (je tiens à préciser qu'ils sont très beaux et très propres,
n'importe qui les accepterait – ils ne sont juste pas fraîchement
sortis de l'imprimante!!!). Environ le 5e de notre budget – déjà très
mince – venait de s'envoler!!! Donc là, pour résumer la situation : on
ne peut pas retirer d'un guichet nulle part au pays parce qu'il n'y en
a tout simplement pas, et on n'a même pas l'option de pouvoir payer
crédit nulle part, donc on doit trimballer des centaines de dollars
sur nous pendant un mois – dollars qu'on a soit dit en passant dû
changer à partir de d'autres devises donc on a déjà perdu au change,
mais en plus il faudra éventuellement les changer en kyats et reperdre
au change – et LÀ, en plus, vous n'êtes même pas foutus d'accepter de
beaux billets américains quasi-neufs, car ils sont supposément un peu
trop pliés ou à peine tachés!!! On fait quoi, nous?

Il va sans dire, nous étions éprises d'un méga stress mélangé à de la
haine profonde contre les idiots qui imposent cette régulation
complètement insensée face à l'argent dans ce pays… Vous croyez
vraiment que vous facilitez le tourisme, comme ça?? (Il y a eu une
campagne pour tenter d'augmenter le tourisme au Myanmar il y a de ça
quelques années…)

Bon, heureusement, on a rencontré à notre hôtel un gars qui partait le
lendemain vers Bangkok, et qui – contrairement à nous – avait
surévalué son budget du mois. Il lui restait donc plein de sexy
billets américains, style parfaits et encore craquants qu'il nous
échangea contre nos billets apparemment pas assez sexy pour le
Myanmar. Fiou!

MAIS – ce n'en était tout de même pas finit avec nos aventures.

Parce que ce que vous ne savez pas encore, c'est comment ça fonctionne
pour échanger des dollars contre des kyats ici. Ça aussi, c'est
particulier : on ne sait jamais vraiment quel est le taux de change
officiel pour les kyats. En ce moment, on échange 1$ pour environ 850
kyats, mais 1$ vaut probablement beaucoup plus que ça – seulement, il
est impossible d'obtenir des kyats ailleurs dans le monde qu'ici, et
comme ils ont le contrôle, qui sait combien ça vaut réellement. Mais
en plus, le taux varie beaucoup en fonction de plusieurs choses pas
rapport : l'endroit où on change (bon... évidemment), mais aussi selon
le billet en tant que tel – si c'est un 100$, on n'obtient pas le même
taux de change qu'avec un 50$ ou qu'un 20$. Haha! Quelle blague. Et,
il est possible d'échanger de l'argent seulement à quelques endroits
limités : certains hôtels, et – même si c'est déconseillé – sur le
marché noir.

Et lorsque Lê-Anh et moi sommes arrivées, c'était le début du water
festival au Myanmar… ce qui veut dire – en plus du fait que dès qu'on
sort dans la rue on se fait asperger d'eau et donc que ça complique
largement la chose pour transporter des dollars américains qui doivent
rester frais et craquants – que tout est fermé pendant 10 jours et que
TOUT est plus cher. Yé.

Donc comme les taux de change étaient nécessairement plus médiocres à
notre hôtel, on a décidé de suivre les conseils de notre nouvel ami
français, et d'échanger notre argent avec un gars sur le marché noir
qui lui avait donné un très bon taux. Lê-Anh et moi avons échangé 200$
chacune, ce qui pour un taux de 860 kyats – moins bon que son 870 de
d'habitude, parce que… c'est le water festival, évidemment – faisait
172 000 kyats chacune. Et là, il faut savoir que les plus gros billets
sont de 1000 kyats – ça fait des sales grosses piles à compter. Donc
je m'installe première, cachée à l'abri des regards, pour compter
l'argent avant de donner mes dollars américains, comme il est
conseillé. C'est bon, 172 000 exactement. L'homme prend ma pile pour
un instant – et moi, je sais car j'ai bien lu le Lonely Planet qu'il
faut faire attention car ces hommes sur le marché noir sont très doués
pour s'en mettre dans les manches, alors je le regarde de très près et
reprends vite ma pile après quelques secondes, tout est beau. Je lui
donne mes deux billets de 100$, et là, autre abomination, l'homme
s'agite : « HB, HC, no : this note no good ». Quoi? HAHA!! Il me dit
que les billets AVEC UN CERTAIN CODE ne peuvent être acceptés!!! Alors
là, j'ai mon voyage : j'ai bravé le water festival et réussi à
préserver mes billets parfaits étincelants, et POUR UNE FOIS que j'ai
des billets parfaits, tu me dis que vu qu'il est écrit « HC » dessus
tu n'en veux pas!?! Grrrrrr, l'envie d'étrangler quelqu'un me prend,
mais l'homme me rassure et me dit qu'ils sont acceptés quand même –
seulement, à un taux moins bon. Ah!!! Une autre affaire. Ok, bon,
correct, je repars avec 170 000 kyats en main. Ou du moins, c'est ce
que je pensais.

De retour à l'hôtel le soir, Lê-Anh et moi recomptons nos piles
énormes de kyats… et, surprise surprise!!! Devinez quoi – l'enfoiré a
réussi à nous voler 35 000 kyats CHACUNE. Nous avions bien compté nos
piles, plusieurs fois même, et il les avait reprises quelques secondes
seulement, et MÊME si je l'observais de très près durant ces quelques
secondes et MÊME si j'aurais juré que rien ne s'était passé, comme par
magie, il a réussi à nous soutiré 35 000 chacune. Nous sommes jour 1
au Myanmar, et déjà tous ces obstacles face à l'argent se sont posés
devant nous, et on se dit : « Mais comment est-ce qu'on va réussir à
passer un mois complet ici??? »

On voulait retourner voir le gars, lui faire une scène pour au moins
le faire suer un peu, même si on savait bien qu'avec un échange
illégal et non-officiel comme ça, les chances de revoir notre argent
étaient minces… Eh bien croyez-le ou non, quelques jours plus tard,
nous sommes repassées par là et à peine avions nous commencer à le
sermonner, il s'exclama : « Yes, yes, 35 000, you forgot here, I keep
for you! » Pffff, c'est ça ouais, comme si on avait pu échapper 35 000
kyats exactement… C'est n'importe quoi, il nous manquait 35 000
chacune, et jamais il ne nous a redonné les 70 000, mais on a quand
même retrouvé la moitié de ce qu'il nous avait volé!!

*****************************************

Alors voilà pour nos aventures sur l'argent jusqu'à maintenant... Bon,
c'est une drôle de façon de commencer sur le Myanmar, c'est vrai - je
ne vous ai même pas encore parlé du pays en tant que tel, que je vous
jette toutes mes frustrations dessus d'un coup!! Disons que toute
cette aventure fut, pour nous aussi, notre première impression du
pays… mais jusqu'à maintenant, je n'ai aucun doute sur le fait que ce
sera le seul aspect négatif de notre voyage! THIS COUNTRY ROCKS!!!

Je vous en donne des détails bientôt :)

No comments:

Post a Comment