Friday, April 8, 2011

McLeod Ganj

Ahhh… comme ça fait du bien d’arriver dans le nord de l’Inde. On se croirait presque dans un autre pays : au milieu des montagnes enneigées de l’Himalaya, on respire l’air pur et frais, et on peut profiter de toute cette belle nature en faisant de la randonnée dans les montagnes. C’est tellement reposant d’être ici – même si McLeod Ganj est assez touristique – et de faire du trekking, de se poser dans un de ses cafés WiFi (oui oui!! 3 des choses les plus rares en Inde sont réunies à McLeod : un endroit où se prélasser, qui a du WiFi et où on peut déguster un bon café espresso… wow), et d’admirer la culture tibétaine. Car, croyez-le ou non, c’est ici même que le Dalai Lama réside depuis plus de 50 ans! C’est ici qu’il s’était réfugié en 1959 lorsqu’il est devenu trop dangereux pour lui de rester au Tibet, à cause de l’occupation des Chinois, et donc depuis plusieurs Tibétains y ont trouvé refuge également.

New found love: trekking

C’est officiel, le trekking est mon sport préféré! Honnêtement, j’adoooore ça : partir toute une journée, marcher dans les montagnes, faire quelque chose de super cardio mais sans voir le temps passer, et avoir un high juste à regarder les paysages magnifiques qui s’offrent à nous. C’est vrai qu’à McLeod Ganj, on est gâtés pour ça – il y a plein de marches possibles à faire en une journée, pas nécessairement trop difficiles et qui offrent des vues vraiment impressionnantes. C’est la saison parfaite en ce moment en plus, car c’est le printemps – il y a peut-être 2 mois, il faisait très froid et tout était enneigé, donc plusieurs de ces randonnées étaient impossibles à faire à moins d’avoir un équipement d’expert. En ce moment par contre, seuls quelques endroits au sommet sont encore enneigés, et il fait juste assez chaud au soleil pour se mettre en t-shirt. Avec Lê-Anh lors de notre première marche, il faisait gros soleil mais de temps en temps on recevait juste quelques gouttes de pluie glacées, et le fond de la brise était encore frais… idéal quand on a chaud à faire de l’exercice! C’est tellement joli en plus, on se croirait au milieu de nulle part : que des montagnes à perte de vue et quelques petits villages au loin, et en chemin on ne croise rien d’autre que 2 ou 3 maisons de thé, où on peut s’arrêter pour souffler un peu. C’est fou d’ailleurs, ces gens qui tiennent ces maisons de thé : ils habitent complètement isolés dans les montagnes, les seuls gens qu’ils voient étant ceux qui passent par ce sentier de trekking et qui s’arrêtent prendre le thé, et leurs provisions sont livrées tous les jours à dos d’âne… incroyable.

Geneviève, avec qui on était à Agonda et Gokarna et qui était seule à Rishikesh depuis un bout de temps, nous a rejointes à McLeod pour quelques jours! Les trois ensemble, on a fait la marche jusqu’à Triund, qui est la plus intéressante : une bonne petite trotte de 14 km à partir de McLeod Ganj, et une montée d’environ 1500 m en altitude!! La montée prend un bon 3 à 4 heures, et est assez exigeante physiquement car elle est constamment en  pente montante. Et après ces 3-4 heures d’effort à suer comme des bœufs, on arrive au sommet pour tomber sur LA vue…  à couper le souffle!!! Toute une chaîne de montagnes enneigées qui s’étale devant nous, et autour il y a juste une petite maison de thé et quelques autres randonneurs… Magique!

La vue de notre chambre

Sur le chemin de Triund

Au sommet de Triund... LA vue

Au sommet de Triund

Une partie du sentier qui était encore enneigée

Un âne transportant les provisions pour une des maisons de thé


La culture tibétaine

Comme je vous disais, c’est ici à McLeod Ganj que le Dalai Lama réside ainsi que toute une communauté tibétaine. On retrouve donc ici de nombreux temples tibétains, on côtoie les moines tibétains, on mange dans des restos tibétains. Et le plus adorable… on voit à chaque jour plein de petits enfants tibétains, avec leur visage rond, leurs grosses joues rouges et leurs yeux bridés, en uniforme et sac à dos se dirigeant vers l’école. Cuuuute! Je crois honnêtement qu’ils se classent dans les enfants les plus adorables du monde… ils sont à croquer!!!

Sur une note un peu plus sombre… c’est absolument horrible ce que ce peuple vit en ce moment. Les Chinois sont littéralement en train d’enrayer leur culture. Je parlais à un Tibétain de 20 ans, qui me disait s’être échappé de son pays à l’âge de 14 ans – c’est tout récent. On voyait vraiment à quel point ça le touchait lorsqu’il parlait de sa fuite, de sa culture et de tout ce conflit… Mais bref, il me disait que jusqu’à ce qu’il arrive en Inde, il n’avait jamais même vu une photo du Dalai Lama. C’est à ce point que les Chinois censurent et contrôlent tout : jamais, en 14 ans d’existence, il n’avait même pu savoir à quoi ressemblait son propre leader politique et religieux. Il me disait être allé à l’école en Chinois, évidemment – ils sont même en train de passer une loi en ce moment, pour que toutes les écoles n’enseignent que le chinois et qu’elles n’enseignent plus du tout le tibétain. Apparemment, l’armée chinoise a détruit plus du trois quart de tous les monuments religieux au Tibet – et on parle des monuments religieux d’un peuple qui ne vit que pour la religion, qui est constamment en train de prier en marchant ou en mangeant ou en faisant quoique ce soit. C’est tellement triste… Et pour ceux qui décident qu’ils n’en peuvent plus, qu’ils doivent s’échapper dans un autre pays – quels obstacles ils doivent surmonter. Passer la frontière pendant la nuit, en risquant de se faire emprisonner ou peut-être carrément tuer s’ils se font prendre ; puis, traverser la chaîne de l’Himalaya À PIEDS, dans les conditions les plus hostiles – froid extrême, peu ou pas de nourriture. Pour certains, ce périple peut durer jusqu’à deux mois, avant d’arriver dans un village. Pouvez-vous imaginez ça!! Quand ce Tibétain me racontait son histoire, j’en avais honnêtement les larmes aux yeux… J’espère vraiment qu’un jour, ils puissent retrouver leur indépendance…

Un moine tibétain

Un temple tibétain, et les (je ne sais pas le nom, mais...) trucs qui tournent qui représentent leur mantra

Une cour d'école tibétaine, avec vue sur la montagne... wow


Le Dalai Lama

J’ai pris un cours de cuisine tibétaine à McLeod, qui était donné par un Tibétain dans la quarantaine. C’était vraiment bien, parce qu’il nous encourageait à lui poser des questions sur le Tibet, et quelle meilleure façon d’apprendre que d’en parler à quelqu’un de la place. On a appris plein de choses sur le Dalai Lama. Depuis quelques centaines d’années, celui-ci prenait le rôle non seulement de leader spirituel, mais aussi politique – c’était donc lui qui était à la tête du pays. Toutefois, le Dalai Lama actuel donc le 14e, vient tout juste de se retirer de sa fonction politique (au moment même où on était à McLeod!). Ils sont donc en processus d’élection d’un autre leader politique, les 3 candidats incluant un docteur en droit de Harvard basé aux États-Unis. Apparemment, ceux-ci n’ont même pas posé leur candidature, mais seraient les 3 candidats les plus qualifiés pour diriger le pays, selon les résultats du premier vote de tous les Tibétains dans le monde (si j’ai bien compris!!). Ils passent maintenant au dernier vote, mais le scrutin n’étant pas automatisé, le résultat n’est pas immédiat.

Notre prof de cuisine nous parlait aussi du fonctionnement de la recherche du nouveau Dalai Lama – et c’est fou, ça fait vraiment croire en la réincarnation. En fait, les Tibétains (et moi) croient en la réincarnation du Dalai Lama. Avant sa mort, celui-ci dit vaguement dans quelle région il va se réincarner. C’est donc après sa mort seulement que les recherches commencent. Lorsque les enfants potentiels sont en âge de parler, on leur fait toute une série d’interviews et de tests - on leur pose des questions que seul le Dalai Lama pourrait répondre, à propos de son règne, de choses qu’il a faites ou dites, et on lui propose des scénarios lui demandant quel serait son choix ou sa réaction. Et moi, sceptique, je me disais : oui mais bon, il y a sûrement une marge d’erreur, même l’élu doit avoir quelques réponses manquées… Mais non, notre prof nous dit que l’enfant choisi ne fait AUCUNE erreur, à toutes les questions précises par rapport à sa précédente vie. Ses parents ne peuvent lui avoir enseigné tout ça… de toute façon, ils ne le sauraient même pas! Et je veux dire, il n’était pas né durant le règne du précédent Dalai Lama, donc comment il peut savoir… C’est fou!


Bref, peu importe où on voyage, ça vaut vraiment la peine de s’arrêter pour parler aux locaux… C’est une chose que de faire le small talk habituel, mais en devenant un peu plus proche des gens, on peut se permettre de poser les vraies questions, et ça nous ouvre vraiment sur leur réalité. Parce qu’après tout, tout le monde a une histoire à raconter.

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